Bulletin paroissial
Juillet 2024
Prudence
En ce temps troublant et inquiétant en compagnie de saint Thomas d’Aquin, découvrons la prudence.
Saint Thomas d’Aquin nous enseigne que, façonnés à l’image de Dieu, nous devons participer, à notre mesure, à la réalisation de son dessein d’amour en faisant le bien et en évitant le mal. Pour ce faire, pragmatique, il nous propose de cultiver différentes vertus qui, chacune à sa manière, orientent concrètement notre être vers le bien et nous permettent de nous ouvrir à Dieu.
Parmi les vertus morales, l’une retient particulièrement son attention : la prudence, dont il fait la première des vertus cardinales.
Première, elle « aide toutes les vertus et opère en toutes », dit-il. Elle est auriga virtutum : comme un chef d’orchestre, elle les dirige, « leur indiquant règle et mesure ».
La vertu de prudence est « la droite règle de l’action » : elle permet, dans chaque situation, de discerner où est le vrai bien et de trouver les justes moyens de le mettre en œuvre.
La prudence ne produit pas du jus de cerveau, mais des actes concrets ! Elle ne s’interroge pas sur le bien philosophique, mais sur le bien à mettre en œuvre dans telle ou telle situation. La prudence thomiste n’est ni la vertu des frileux, ni celle des peureux ou des cauteleux, mais celle des gens dont la conscience, formée et éclairée, est capable de rendre de bons jugements et de prendre de bonnes décisions ; c’est une vertu dynamique, tournée vers l’action. Elle analyse les circonstances, les causes, les conséquences, puis décide en conscience et agit au cas par cas.
Saint Thomas d’Aquin est un réaliste : il aime le concret ! Selon saint Thomas, la prudence s’appuie sur l’expérience : l’homme prudent tire les leçons du passé.
Dans la Bible, sagesse et vieillesse sont étroitement associées car, avec l’âge, on prend du recul, on gagne en patience et en clairvoyance : « Chez les anciens se trouve la sagesse, dans l’âge avancé, la prudence », lit-on dans le Livre de Job (12, 12).
La prudence sait aussi se projeter dans l’avenir, prévoir, anticiper.
Dans la Bible, l’homme prudent voit loin. Dans la vraie vie aussi. Les ennemis de la prudence sont légion, comme les démons ! Notons tout d’abord l’ennemi commun à toutes les vertus : le manque de charité. Comment voir le bien et le mettre en œuvre si l’on est aveuglé par l’égoïsme, la rancune, la haine, le mensonge ? Une conscience mal formée n’est pas non plus la meilleure alliée de la prudence.
Autres ennemis mortels de la prudence : l’impulsivité, l’impatience, la précipitation. Saint Thomas conseille de « laisser faire le travail de la nuit », c’est-à-dire de prendre le temps de la réflexion et de ne pas agir « à chaud ».
À la vertu de prudence répond le don de conseil, qui nous éclaire sur ce que nous devons faire, sur ce que nous devons dire, ou sur les choix que nous devons poser. Faisons comme le saint théologien : conversons avec Dieu, ruminons sa Parole, et nous serons éclairés sur le bien à accomplir ici et maintenant. « Moi, la sagesse, j’ai pour demeure la prudence » (Pr8, 12).