Bientôt quatre-vingts ans ont passé sans qu’il y ait de conflit armé sur le sol français. Vingt-cinq ans ont filé depuis la suppression par Jacques Chirac du service militaire   obligatoire. Une génération. Déjà.           C’est dire combien les horreurs, les atrocités et les scandales liés à la réalité d’une guerre sont devenus tout à fait étrangers à la        conscience de l’immense majorité des Français. L’Homo festivus décrit par Philippe Muray ne frissonne plus aussi spontanément que ses grands-parents devant un défilé militaire ou un uniforme… Se mettre au garde-à-vous, défendre son pays, rendre les honneurs au drapeau, à quoi bon quand l’avachissement est promu, l’amour de sa patrie suspecté et les couleurs arc-en-ciel brandies ?

Les récents événements dramatiques du conflit israélo-palestinien, la folie terroriste du Hamas et la réponse qui se veut implacable du gouvernement de Nétanyahou placent devant nos yeux deux problématiques : quelles sont les conditions pour garantir une paix véritable ? Et peut-on ambitionner de réaliser une guerre propre, en plus de la prétendre juste ?

L’enseignement constant de l’Église rappelle qu’aucun État ne peut accepter tranquillement servitude politique et ruine économique au détriment du bien commun de son peuple. Par conséquent, il se doit d’assurer sa défense pour garantir la tranquillité d’un certain ordre.

Est pleine de justice la force qui, à la guerre, protège la patrie contre les barbares ou, à la maison, défend les faibles ou les commensaux contre les brigands », commente saint Ambroise. Ainsi, porter en haute estime les forces de l’ordre qui se dévouent au service de la paix relève d’abord d’une affaire de reconnaissance et de rectitude morale. Charles Péguy considérait à ce sujet que le soldat mesure la quantité de terre où on parle une langue, où règnent des mœurs, un esprit, une âme, un culte : « Le soldat mesure la quantité de terre où un peuple ne meurt pas. » En théologie, la protection armée des vies, de la cité, de la liberté, de la justice, de la paix porte un nom :            le “droit de glaive”. Selon l’apôtre Paul,     en effet, le rôle du politique consiste notamment à faire justice des malfaiteurs et à soutenir les gens de bien : « Crains si tu fais le mal, car ce n’est pas pour rien que l’autorité porte le glaive » (Romains 13, 4).

Dire que la guerre est un fléau, à tout le moins une extrémité terrible, qui le contesterait ?                                                  À l’école de sagesse latine, « si vis pacem, para bellum », pour conserver la paix, se prémunir de la guerre nécessite impérieusement de la préparer. Nommer les menaces et armer sa vigilance constituent les premiers éléments indispensables pour préserver l’harmonie d’un peuple.                 Selon Chesterton, « le plus heureux des destins humains est de trouver quelque chose à aimer ; mais le deuxième sort le plus heureux est certainement de trouver quelque chose à combattre ».

 

L’abbé Christophe Kowalczyk- Curé 

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